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Vivre au rythme du sport.

17 Jul

Ils ont marché sur la Lune

Publié par Jérémie Brun

 

 

Ils l'ont donc fait. Les Bleus sont champions du monde. La France, avec eux. Bien qu'ils aient attendu les derniers jours de la compétition pour manifester leur joie, les Français ont fini par envahir les rues du pays, laissant derrière eux des scènes de partage, d'allégresse et de fête. Le partage, pour monter sur une fontaine et chanter en chœur la Marseillaise, « qui ne saute pas n'est pas Français », lancer un clapping... Le football permet ce partage. Alors c'est vrai, d'autres sujets bien plus graves sont toujours d'actualité dans le pays, c'est vrai que les chaînes d'information en continu n'ont parlé que du sacre des Bleus lorsque dans le même temps Poutine et Trump se réunissaient à Helsinki. Le tableau peut toujours être plus gris ou plus noir. Sur le fond, voir des gens heureux n'a rien de très négatif. Mais parlons football.

 

La victoire finale des Bleus est incroyable. Au sens strict du terme. Certes, l'Équipe de France figurait parmi les potentiels vainqueurs du tournoi, mais ni les matches amicaux ni le début de compétition ne laissaient présager un tel exploit. Puis l'Allemagne est tombée. Le Portugal est tombé. L'Espagne est tombée. Le tableau s'est tout de suite un peu plus éclairci pour Deschamps et les siens, bien que rien n'était encore fait. En matière de jeu, et on le savait avant, on est loin du football fluide, beau et vers l'avant. Lors de la plupart des matches de cette Coupe du Monde, la France a préféré subir et contrer. Au fur et à mesure de la compétition, les Bleus ont pris confiance et ont su faire preuve d'une très grosse solidité défensive et d'un insolant réalisme. Jusqu'à l'Argentine, nous avions vu une bonne mi-temps, la première face au Pérou. Le reste n'était pas très encourageant. Mais l'équipe a su monter en puissance. Et surfer sur une réussite incroyable.

 

Chroniqueur exceptionnel pour France Football, Hatem Ben Arfa n'a pas mâché ses mots quant à la qualité de jeu de cette Équipe de France. Je partage son point de vue. La France n'était certainement pas la meilleure équipe de ce Mondial, mais c'est elle qui a empoché la victoire dimanche dernier. Les Belges puis les Croates y sont aussi allés de leur petit pique. Pour Courtois, le jeu des Bleus est ni plus ni moins que de « l'anti football ». Lovren lui, s'est plaint que les Français n'aient pas joué au football. Je crois que ce Mondial marque la fin du jeu de possession. L'Espagne s'est enfoncée dans ses travers sans jamais chercher une autre solution et s'est lamentablement faite sortir par la Russie, qui n'a pas ou peu joué. L'Allemagne a frappé plus de vingt fois face à la Corée du Sud sans jamais marquer et avait eu toutes les peines du monde pour battre la Suède le match précédent. Ce qui est sûr, c'est qu'il est toujours plus simple de détruire que de construire, de casser que de créer. Il faut toujours chercher des alternatives pour être le moins prévisible possible. Les Espagnols et les Allemands ont eu faux sur toute la ligne en ce sens.

 

La France a toujours eu énormément de mal à faire le jeu. Deschamps en était parfaitement conscient et a décidé de laisser le ballon à l'adversaire et de procéder par contres. Mais pour jouer de la sorte, il faut impérativement une assise défensive extrêmement solide. Et nous étions très loin du compte en début de compétition. Face à l'Argentine, je ne suis pas certain que les Bleus se soient rassurés défensivement. Le déclic est selon moi intervenu après l'Uruguay. La Céleste était certes privée de Cavani (ce qui n'est pas rien) mais la France a montré des qualités défensives impressionnantes. Surtout au milieu de terrain. Annuler le milieu uruguayen était la clé du match et les Bleus y sont parfaitement parvenus. Ce qui a rendu l'attaque de la Céleste totalement inoffensive. En demi-finale puis en finale, la France était totalement dans son registre. Et pleine de certitude. Pogba avait enfin haussé son niveau de jeu, Griezmann redevenait décisif et incisif, Kanté était partout, Varane et Lloris étaient impériaux. Footballistiquement parlant, la Belgique aurait sans doute mérité d'aller en finale, et la Croatie aurait certainement mérité de gagner. Mais d'autres paramètres entrent en ligne de compte. Le physique : la Belgique avait bataillé contre le Japon et le Brésil, la Croatie avait joué un match de plus et couru 117 kilomètres de plus que les Français. Le mental : il n'y a rien de plus simple que de jouer à ce qu'on aime avec des amis. La France semblait être une bande de potes, à qui rien ne pouvait arriver. Les déclarations de Rami, les sorties médiatiques de Griezmann et de Pogba en sont aussi la preuve. Chaque joueur courait et défendait l'un pour l'autre. La réussite : la France menait 2-1 en finale en ayant cadré un seul tir. Et c'était un pénalty. Il en faut pour gagner. La France et Deschamps en ont beaucoup eu. Il serait malhonnête de ne pas le reconnaître.

 

J'ai attendu cette Coupe du Monde pendant très longtemps. À tel point que tous les matches qui l'ont précédée y sont passés. Même le barrage Ligue 2/National entre Bourg-en-Bresse et Grenoble, c'est pour dire. Mais au final je reste sur ma faim. Peu de matches ont été à la hauteur de l'événement. L'enjeu a trop souvent pris le pas sur le jeu, et c'est bien dommage. Malgré tout, je comprendrais que les Français s'en tiennent au résultat, puisque 20 ans après, l'avenue des Champs-Élysées était bondée pour célébrer la deuxième étoile. En France, ceux qui en 1998 n'avaient pas eu la chance de sortir dans les rues, de partager un titre mondial avec des inconnus, de chanter, de sauter, de danser, de crier, de monter sur des voitures, de klaxonner ont enfin pu le faire.

 

Lorsque l'on gagne une Coupe du Monde, c'est pour la vie. Si le football n'a pas beaucoup de mémoire, les champions du monde eux ne seront jamais oubliés. Si son jeu ne restera pas dans les annales, la France elle, est entrée dans l'histoire en décrochant une deuxième étoile dans le ciel russe. Et ça, personne ne lui enlèvera.

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